J'ai les pieds dans la vase et la tête qui voltige.

La mémoire se fait paresseuse, indifférente, peut-être parce que le présent passe trop vite ... passé et futur commandent les sens de manière que la vie chevauche au galot, désinvolte, glissant entre les doigts, dérobant le propre sens du temps, faisant que le temps ne soit rien d'autre que ce qui passe ou arrive, jamais celui dans lequel on est.

Je suis temps qui passe ... Je n'arrête pas. Je suis les aiguilles de l'horloge. Je suis l'eau de la rivière. Mon cheval n'a pas de bride.

Je suis temps qui passe ... Chaque jour est exactement celui que je voulais qu'il soit hier ou même celui qui naîtra demain. Je mise dans mon aveugle vaciller, car mon flair se trompe toujours.

Je suis temps qui passe ... Je suis un bateau amarré sur une île déserte, avec une vieille corde rongée par le temps, avec de légers balancements dont la plus grande distance à parcourir est un par ici, et un par là.

Je suis temps qui passe ... Ville après séisme. Chaotique, indiscipliné, détachée.

Je suis temps qui passe ... J'éteints la lumière. La journée de demain sera exactement celle que je veux et le jour d'hier a été exactement ce que je voulais ...

Où est donc passé le jour d'aujourd'hui ?

L.R.