J'accuse un monde au bord du chaos

J'accuse un monde au bord du chaos.

J'accuse une société égoïste, hypocrite et moralisatrice. Une société dont le puritanisme n'est que le masque de sa propre antisepsie et dont le seul but est d'atteindre une satisfaction personnelle.

Une société, où personne ne se préoccupe de personne, dont le seul acte de charité fait au nom d'autrui n'est qu'une arme philanthropique servant sa propre cause. Une société qui prône l'anomie, ayant pour seul mot d'ordre : "Je". Une société qui, inlassablement, se cherche et inexorablement se jette dans le néant.

J'accuse ces groupes crépusculaires qui postulent pour défendre la vie aux dépens d'elle-même; les "anti-avortement" qui font exploser des maternités entières.

J'accuse ceux qui, prétendant défendre des animaux et les recherches faites sur eux, font brûler laboratoires et animaux, victimes de la furie de messires bienfaiteurs. Qu'importe si, en guise de liberté, le coup fatal a été porté, l'ultime espoir de vie a été ôté ? En leur nom, une violence sans faille, une liberté qui déraille et tue, mais pour les bons samaritains une certitude : être à la une, être quelqu'un.

J'accuse tous ceux qui se rallient à une cause, non pas parce que c'est la leur, simplement parce que c'est à la mode et que cela flatte leur ego. J'accuse la plébiscité d'actes généreux à des fins altruistes.

J'accuse les politiciens de ne pas savoir gérer ni même leur propre ombre. Je les accuse de mener un peuple à la bataille, où triomphent leurs propres intérêts, sans aucun état d'âme, sans aucune pensé altruiste, mécènes masqués en quête de pouvoir absolu. Ces hommes qui se prétendent, tous, d'habiles guérisseurs du mal qui ronge la société, sont incapables de soigner leurs propres craintes.

J'accuse ces hommes de pouvoir d'édicter des lois qu'eux-mêmes bafouent. Je les accuse d'avarier les esprits avec des discours appris par cœur, sans jamais mettre un pied là où le respect et l'honneur feraient d'eux des Hommes.

Eux, qui vivent dans un univers sans impératifs, suspendus à tant de principes formels qui sont l'héritage d'une humanité perdue, exhortent les vertus et se relient à la débauche.

J'accuse tous ces vertueux, que s'évertuent à purifier l'humanité, d'avoir épousseté toutes les valeurs qui définissaient l'Humanité. La vertu n'est plus de ce monde, elle est morte. Et l'humanité, qui est une entreprise surhumaine, marche à reculons vers l'avenir, les yeux fermés.

Malade et endormie, elle va se réveiller un jour et regarder, incrédule, sa propre infirmité, dont elle est, à la fois, l'antidote et le poison.

J'accuse l'Homme d'être un animal transformé par la raison et de s'unir sans elle à l'humanité.

J'accuse le paraître, où périt l'être. J'accuse les nuits d'insomnies des journaux à sensations.

Et, enfin, je m'accuse de faire partie de cette société outrageante d'inhumanité !

L.R.



"Le militantisme protège du bruit du tonnerre, tandis que le vrai danger vient de l'éclair."
L.R.


23/08/2008
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