Médecins : impertinence et dédain



Docteur, s'il te plait,

C'est à toi que je m'adresse, alors, écoute-moi.

Malgré tout le respect que je te dois, aujourd'hui c'est moi qui vais parler, sans que tu aies la possibilité de poser ton diagnostic.

Tu vois, s'il fut en temps où l'on pouvait te considérer comme un "Dieu", maintenant tu n'es plus comparable qu'à un charlatan. Pis, un licite revendeur de drogues.

Oui, étant donné que tu choisis la commodité. Peut-être, par impossibilité, par impuissance, ou même, puisque tu n'as pas de devoir de résultats, seulement par acquit de conscience.

Quand tu ne "vois" rien, ne "trouves" rien, tu établis un diagnostic expéditif : "vous n'avez rien ! Vous êtes simplement stressé, anxieux, voire, dépressif".

Quelle facilité, quelle aisance ! Hâtivement tu te débarrasses "du" patient en lui prescrivant des antidépresseurs, sans te soucier des conséquences ni même de sa souffrance.

Le patient t'écoute. N'es-tu pas l'homme du savoir ?

As-tu simplement compris ce que le patient attend de toi ? J'en doute. Il ne vient pas te voir pour tes beaux yeux. Il attend de toi une solution, de l'aide ou, du moins, ta compréhension, ton écoute. Mais tu ne l'écoutes pas, il faut expédier vite, alors tranquillement tu lui prescrits quelques "remèdes", ton "boulot" est fait.

Cependant le patient renvient. Ta pharmacopée n'a eu aucun effet sur ses symptômes, il est de plus en plus malade, de plus en plus désespéré. C'est là que la vraie dépression arrive. La dépression n'est alors pas la maladie mais une des conséquences de celle-ci.

Mais toi tu en es certain, ton diagnostic est incontestable ! Comment pourrais-tu faillir, tu es Docteur ! Non ?

Alors tu passes au stade supérieur, ton patient n'est plus un dépressif mais un déséquilibré. Tu l'envois chez le spécialiste, le psychiatre. Et de fil en aiguille, vous tissez la toile afin de l'envoyer dans un hôpital psychiatrique.

Le tour est joué. Tu te dis, ouf, quel soulagement. Mission accomplie.

Tu as raison. Ta mission est finie. Ton patient est mort….

Tu joues les étonnés ?! Et bien oui, tu t'es trompé. Ton patient était bel et bien malade, tu ne l'as pas écouté.

Ce patient était ma sœur. Il aurait pu, aussi bien, être mon père, ma mère, mon fils, ma fille, ou un inconnu, tu n'aurais agis autrement.

Même si tu n'avais pas pu la sauver, sa maladie était peu connue et incurable, tu aurais pu éviter de lui rajouter d'autres souffrances. Tu aurais pu la soulager, l'écouter et pour finir lui permettre de mourir en toute dignité.

Tu vois, ce n'est pas grand-chose. Le patient te demande juste de l'écouter.

Parfois, être moins imbu de son savoir, peut "aider" une vie.

Tu veux que je te confie un secret ? En ce qui me concerne, je ne t'écoute qu'à moitié.

Tes benzodiazépines, anxiolytiques et autres… je les laisse à la pharmacie, peut-être te seront-ils utiles un jour ? !

Grand bien te fasse.



«Mal savoir ne vaut pas mieux que tout ignorer...»
Gustave Thibon


18/04/2008
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