Une histoire...


Tout juste arrivée dans ce pays, la France, j'ai fait la rencontre de deux petites larmes qui m'ont fait comprendre combien est grande la souffrance causée par le racisme.

Débarquée d'un petit coin où la plus grande, et non moins célèbre, révolution de l'histoire fut faite avec des fleurs…, ma naïveté était grande. Peut-être parce que j'étais jeune et aussi parce que je ne savais pas que dans le monde la couleur de peau était une raison de déchirure entre les êtres humains.

Il m'a suffit d'une rencontre, une seule, pour savoir à quel point certains êtres peuvent souffrir du chauvinisme d'autres êtres.

Il était 1 heure du matin, je sortais du travail. C'était la première fois que je travaillais le soir. La rue était sombre, j'avais un peu peur, par manque d'habitude, sans doute.

Subitement je sentis quelqu'un marcher derrière moi. J'ai accéléré le pas. Derrière, les pas ont accéléré aussi. Il ne manquait plus que quelques mètres pour arriver dans ma rue plus éclairée et où il y a toujours du monde. Je me sentais plus rassurée, apaisée.

Quand, soudain, quelqu'un m'aborde, pose sa main sur mon épaule et demande :

- Tu es raciste ?

Je réponds

- Comment le pourrais-je ? Ce pays n'est pas mien, non plus !

Je ne savais pas quoi répondre, puisque je ne comprenais pas vraiment le sens du mot "raciste". D'ailleurs je ne suis toujours pas certaine de l'avoir compris. Puisque nous sommes tous des humains, il n'y a pas différentes races. Des ethnies, peut-être, mais pas des races.

Il continue ...

- Mais, tu es blanche et je suis noir.

Jamais je n'avais réfléchi à cela. Je n'avais jamais fait de séparation : noir, blanc. Bien sûr j'avais déjà croisé des hommes avec une couleur différence de la mienne, mais la différence de couleur de peau ne m'avait jamais interpellée. A vrai dire, je n'avais jamais remarqué une vrai différence, pourtant visible mais je n'y ai jamais accordé d'importance. Pour moi, il était un être humain comme moi. Un être qui rit, qui pleure, qui parle, qui soufre, qui a un cœur… Ma réponse a alors été rapide comme l'éclair, sans raisonner…

- Vous avez un cœur ? Et le sang qui coule dans vos veines est rouge comme le mien ? Je ne juge pas une personne par l'apparence externe, mais pour ce qu'il a à l'intérieur.

Et à ce moment là, j'ai vu deux larmes rouler sur son visage. En mettant une main sur sa poitrine et en me tendant l'autre, comme pour me complimenter, il dit :

- Merci beaucoup, pour ces jolis mots. Personne, encore, ne m'avait répondu de la sorte.

Et, cet homme reprit son chemin, sans plus un mot, plus un regard...

Je suis restée plantée sur place, le regardant partir. Sa silhouette disparaissant dans le noir et moi j'essayais de saisir la logique de sa question. J'ai cru, sur le moment, qu'il voulait parler d'appartenance à un pays. Mais non. Maintenant, je sais que non.

Aujourd'hui, je connais le sens du mot racisme. J'ai compris le sens de sa question et je peux saisir toute la souffrance que ses deux larmes contenaient.

Avec la peur, elle accompagne toujours l'inconnu, j'avais répondu maladroitement. Je le conçois. Mais la réponse était venue du plus profond de mon cœur et peu m'importe si je suis naïve ou pas. Un être humain EST un être humain, peu importe sa couleur de peau.

Je veux seulement être un être humain, qui parle à d'autres êtres humains, noirs, jaunes ou blancs, avec le cœur. Lui seul connaît les réponses et n'en détourne pas le sens. Un cœur ne peut se tromper.

L. R.




9 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Ces blogs de Littérature & Poésie pourraient vous intéresser

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 82 autres membres