Parodie de la colère


Qui sont-ils, ces seigneurs de la vie, faucheurs de l'existence, extirpateurs de l'esprit.

Partout ! Ils sont partout. En ville, surtout, pas une rue, digne de ce nom, n'est épargnée.

La campagne ? Ils la désertent. Là bas il faut travailler… alors qu'en ville, il y a toute sorte d'esprit à manipuler… c'est bien connu, la ville stresse, la ville rend malade. Cette maladie imaginaire qui fait aujourd'hui la richesse des uns et le désespoir des autres.

On dirait que tous, sans exception, sont aujourd'hui atteints de cette maladie. Bien évidemment, elle existe, mais elle ne nous atteint pas dans tous nos pas, ni tous à la fois.

Avant, vous pouviez les choisir, votre seigneur. Maintenant, il vous est attitré, comme un boulet qui entrave vos pieds et vous rend malade, bien plus que vous l'étiez. Plus question d'être patient, dorénavant vous serez client.

Mais comme c'est la loi du besoin, et non pas celle du commerce, qui régit ce lien, vous ne serez pas un client à soigner, à qui on prêtera toute son attention afin d'affiner toutes vos transactions, désormais, vous êtes celui que l'on va gâter, à sa guise, pour mieux vous dépouiller.

On ne vous dépouillera pas de vos ennuis, avec des jolis mots savants et quelques codex, on vous immunisera l'esprit. Votre volonté inhibée, vous ne sentirez plus vos maux, mais, au grand merci, vous avez appris des mots.

Puis… le hasard, au coin d'une rue se transforme en lézard, et vous voilà chez le seigneur qui sait tout. Tel un sorcier, pas besoin de vous écouter, il a tout compris.

Vous pouvez objecter, revendiquer, votre mal ne se trouve pas là où vous l'avez indiqué, il le sait et vous le dit.

Vous recommencez. Mais non, ce n'est pas ça, je ne pleure pas, j'ai seulement mal ici.

Le seigneur, riche de son savoir et d'une certitude absolue, puisqu'il a le Vidal en main, vous répond :

- Vous savez, quand le corps ne vas pas, la tête suit, quand la tête ne vas pas, le corps ne suit plus !

Bravissimo ! C'est si bien et si brillamment dit que la seule solution est de le croire sur parole.

Vous acceptez donc de prendre les belles et colorées pilules du bonheur, qui vont vous rendre joyeux et, peut-être, moins malheureux, avec autant de souffrances, mais avec le sourire en plus. Ce n'est pas beau, ça ?!

En moins de 5 minutes, vous voilà avec votre vocabulaire enrichi, votre porte monnaie moins lourd, le sourire aux portes de l'enfer et votre affliction, décodée par le Vidal, plus grande que jamais.

Surtout, si vos maux persistent et que vous êtes dans l'obligation de retourner chez Vidal Man, pensez à sourire avant d'entrer, même affligé, sans quoi votre cher docteur pensera que la dose n'était pas suffisante…

L.R.


28/09/2008
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