Néant



S'éteint la lumière, brûle un feu bleu incandescent, comme l'aube qui se vêt d'un rose suave. Descendent les ténèbres sur le silencieux crépuscule. S'endorment les jours à l'ombre d'une nuit banale, et gèlent les âmes vides des gens.

Se taisent les oiseaux qui se cachent parmi le feuillage en papier brun. S'endorment les fauves dans le foin récolté, meurent les mots dans la bouche du poète. S'assèchent les sources de vie dans les roches. Ce n'est pas tard, ce n'est pas tôt, c'est seulement un bref mouvement du temps.

Grandit, dans les profondeurs de l'être, l'angoisse qui croît à chaque seconde qui passe. Pleurent les nuages chargés d'eau, on entend les pleurs des vents, au loin. Aujourd'hui ce n'est pas une nuit quelconque, demain, ne naîtra pas un jour nouveau.

Je lie mes doigts, éteins l'esprit, et le laisse, à la dérive, naviguer. Je me débarrasse de mon corps, je diverge de direction, je libère les énergies, les sentiments. Aujourd'hui, je ne veux être, personne, aucune forme, aucun mot.

J'abandonne la vie en morceaux, livrée dans les bras du vent qui passe. Tombe mon corps, sur la terre mouillée, comme une pierre abandonnée. A zéro les comptes en suspens, je laisse les graines sur la terre labourée, c'est le Printemps, je veux renaître du néant.

L.R.




0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Ces blogs de Littérature & Poésie pourraient vous intéresser

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 84 autres membres